• Billets d'humeur

    Cette rubrique est dédiée aux articles qui parleront d'actualités en particulier, aux réflexions sur notre société, et aux coups de gueule (et tout le monde sait comme je suis un expansif au style ouvert et donc fanatique de coups de gueule. C'est de l'ironie)

    Où sont nos Antigone ?

    Petits mots d'une révolution ordinaire

    Petits mots d'une infinité ordinaire

    Petits mots d'une politique ordinaire

    Un temps de liberté

    DSK

    Délibérations

    Death Row

    La douleur du retour

  • J'avais raison ! 

    Je n'aime pas dire cela (non, en fait, j'adore.)

    Vous vous souvenez peut-être de mon billet sur Denis, le tagueur du Palais de Justice de Bruxelles. Vous vous souvenez que je me suis insurgé contre la détention préventive de cet homme qui non seulement est passé aux aveux, mais ne présentait ni un danger quelconque pour la société ni un risque de fuite élevé (pour rappel, Denis avait un domicile, et un revenu déclaré en Belgique, chose que nombre de personnes arrêtées pour des infractions plus violentes n'ont pas). 

    Un nouveau fait vient s'ajouter à l'escarcelle de mon grief grandissant contre nos amis magistrats ; figurez-vous que Denis, au lieu d'être inculpé pour "graffiti" (et comme je l'avais senti, il n'avait pas été inculpé de ce chef dans les cinq dernières années, ce qui aurait rendu la détention illégale), mais de "destruction de bâtiment public".

    Graffiti ou destruction ?

    Graffiti ou destruction ? Si l'un doit exclure l'autre, la question ne devrait même pas se poser.

     Le stratagème, vous l'aurez compris, est le suivant :

    1. La personne est arrêtée. Les magistrats sont pas contents contre lui car il a fait un graffiti sur leur lieu de travail. 
    2. On décide que non, la justice n'est pas tout le temps impartiale et de le coller en détention préventive. 
    3. Problème : le vilain ne colle pas aux conditions pour la détention préventive. Flûte zut crotte, on aimerait quand même bien le coffrer.
    4. Solution : on a qu'à l'inculper pour un truc plus grave ! 

    Heureusement que Denis n'a pas agressé un magistrat en lui donnant un coup de poing, on l'aurait poursuivi pour assassinat. 

    Reprenons la définition du mot "détruire" du petit Robert. 

    1. Jeter bas, démolir [...] 2. Altérer jusqu'à faire disparaître. [...]

    Ainsi, la valeureuse chambre du conseil juge-t-elle dans les ruines encore fumantes du Palais de Justice le dangereux terroriste qui armé d'une bombe de peinture, arme odieuse aux vapeurs intoxicantes et inflammables s'est attaqué ignominieusement au symbole de l'égalité parmi les hommes.

    Ainsi, nos courageux juges d'instruction illustrent la force tranquille et l'impartialité de la Justice imperturbable et impersonnelle, envers celui qui pensait mettre à bas les hautes valeurs de notre système judiciaire, telles que l'équité et la bonne administration de la Justice.

    Ainsi, le peuple dort-il tranquille, rassuré de voir que la lie de la société se trouve derrière les barreaux, laissant le pas sur nos avenues aux honnêtes gens qui peuvent maintenant vivre en leur maison sans avoir peur que celle-ci ne s'effondre au moindre tag.

    Désormais, les violeurs, pédophiles, assassins, dealers, trafiquants d'armes, agresseurs sous libération conditionnelle, racketteurs récidivistes tagueurs sont prévenus : vous n'atteindrez pas à l'équilibre de la nation en détruisant haineusement nos bâtiments, fripouilles !

    Lamentable.


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  • Ces derniers jours, j'ai pu voir le système judiciaire belge à l'oeuvre, et ce n'est pas très réjouissant. 

    Commençons par un petit rappel des faits. 

    Depuis quelques années, le Palais de Justice de Bruxelles est en rénovation. C'est un bâtiment impressionnant, datant de 1860, plus grand que la Basilique Saint-Pierre à Rome, construit par Joseph Poelart et inauguré après la mort de ce dernier (je ne peux me retenir de préciser qu'une grande partie des fonds nécessaires à la production de cet édifice a été trouvée grâce à l'esclavage du Congo belge. Yay). 

    Palais de Justice de Bruxelles

    Pour en revenir à sa rénovation, vous remarquez sur l'image que le bâtiment est surplombé par une coupole, qui fut dans les premières parts de l'immeuble à être rénovées. Et, dans les jours qui suivirent sa rénovation, un mystérieux tagueur a été y inscrire un graffiti "IDEAHOT"

    Graffiti sur le Palais de Justice

    Acte répréhensible, lamentable, stupide. Mais le tagueur s'en est sorti pendant longtemps, étant donné qu'on a jamais réussi à l'attraper, jusqu'à la semaine passée, et il est actuellement en détention préventive. La Chambre du Conseil vient de confirmer sa détention pour un mois. 

    Quel est le problème ? 

    La détention préventive est une mesure qui sert à maintenir en détention des personnes qui doivent être jugées prochainement. Ces personnes sont celles qui risquent de quitter le territoire ou de causer des dommages en étant en liberté. La compensation de cette mesure se fait dans l'exécution de la peine ; par exemple, si un homme (ou une femme) est mis en détention préventive trois mois et ensuite est condamnée à six mois de prison, il (ou elle) devra purger seulement trois mois de prison. 

    Quelles sont les conditions pour prononcer une détention préventive ? 

    1) Il faut que la peine puisse atteindre un an d'emprisonnement.

    Donc, le maximum de la peine déterminée pour l'infraction doit être d'un an minimum. Je ne dispose pas des informations suffisantes pour dire si cette condition est respectée. La loi qui pénalise le graffiti (loi du 25 juin 2007) prévoit un mois à six mois d'emprisonnement (plus une peine d'amende). Mais elle prévoit aussi un allongement jusqu'à un an d'emprisonnement si le délinquant a été condamné pour dégradation ou graffiti dans les cinq ans. Il y a donc une incertitude : si le tagueur n'a pas été condamné au cours des cinq dernières années, la détention préventive est alors illégale. De plus, bien des délinquants risquant des peines bien plus lourdes ne sont pas mis en détention préventive, par manque de place. 

    2) Il faut prouver l'existence d'indices sérieux de culpabilité.

    Dans ce cas-là, pas de soucis, le tagueur est en aveux. 

    3) La détention préventive ne peut constituer une répression immédiate ou toute autre forme de contrainte.

    Pour cette condition, il est très difficile de ne pas penser qu'il ne s'agit pas d'une forme de répression immédiate. Il est aussi difficile de prouver que les motifs de détention sont différents de ceux dictés dans le mandat d'arrêt. Mais dans ce cas : c'est le lieu de travail même du juge d'instruction qui s'est vu détérioré ; le cas est fort médiatisé, ce qui tend à faire penser que le juge d'instruction a voulu "faire un exemple". 

    4) L'absolue nécessité pour la sécurité publique

    Sérieusement, qui pourrait penser qu'un tagueur sur qui une peine de six mois ou un an de prison et de 156 à 1200 euros d'amende, en plus du remboursement des réparations (20.000 euros) serait assez stupide pour recommencer ? Et encore faudrait-il que l'on considère qu'un graffiti est une menace contre la sécurité publique. Et serait-il scandaleux que quelqu'un puisse être en liberté avant un procès pour une telle infraction ?

    L'infraction que constitue le graffiti est également soumise à d'autres conditions en matière de détention préventive, puisque la loi belge prévoit des conditions supplémentaires pour les peines en-dessous de 15 ans de réclusion :

    1) Le danger de récidive.

    Comme je l'ai dit plus haut, quel est le danger de récidive ? Est-il plus grand que celui d'un arracheur de sac qui est beaucoup plus susceptible de recommencer ?

    2) La crainte de fuite.

    Le risque de fuite hors du territoire belge, pour quelqu'un domicilié, bénéficiant d'un revenu en Belgique (ce qui est le cas de notre tagueur) est beaucoup plus élevé que celui de nombre de délinquants non-résidents en Belgique. Et pour cela, la détention préventive pour cet homme est injustifiée.

    3) Le risque de collusion (accord) avec des tiers ou de disparition des preuves

    L'enquête à propos d'un éventuel complice est en cours, et pour ce qui est de la disparition des preuves, le tagueur est en aveux... Cela semble un peu léger comme critère, dans ce cas. 

    J'émets des doutes quant à la légalité de la détention préventive, mais je ne me prononce pas sur la question, ne disposant pas des informations nécessaires. Par contre, je crains fort une partialité certaine pour les différentes raisons (je synthétise ici les griefs mentionnés plus haut) :

    • L'infraction est punie d'un maximum d'un an de prison en cas de récidive, alors que pour plus grave, on ne prend pas cette mesure.
    • La détention requiert une nécessité de la sécurité publique, alors qu'on ne met pas des individus bien plus dangereux en détention préventive.
    • L'infraction est dirigée contre le Palais de Justice, ce qui tend à faire croire qu'il s'agit d'une vengeance "personnelle".
    • Est-il nécessaire de mettre en détention quelqu'un qui non seulement a avoué, mais en plus ne présente que peu de risques de s'enfuir de Belgique ?

    Pour cela, je soupçonne les juridictions d'instruction de partialité. 

    Pourquoi fais-je un article sur le blog à propos de cette affaire, qui somme toute n'est pas si importante, et ne me touche pas personnellement ? Parce que pour moi la Justice ne doit pas faire de différences entre les infractions qui touchent ses institutions et celles qui touchent Monsieur Tout-le-monde. Pour moi même quelqu'un qui commet un acte aussi lamentable que de taguer le Palais de Justice a le droit d'être traité avec les mêmes égards que n'importe qui, et j'espère même personnellement que la punition sera à la hauteur de l'infraction. Mais la Justice doit être juste.

    Sources ; M.-A. BEERNAERT et autres, Introduction à la procédure pénale, Bruxelles, La Charte, 2011, passim.
    http://www.secunews.be/fr/news.asp?ID=376 
    http://www.7sur7.be/7s7/fr/1502/Belgique/article/detail/1518688/2012/10/17/Le-tagueur-du-Palais-de-justice-arrete.dhtml 


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  • Tout n'est pas rose en Belgique. Bon, c'est pas les Bisounours d'habitude, mais disons que le climat est tendu. Pour l'histoire, une femme en niqab a été interpellée parce qu'elle refusait de donner son identité. Emmenée au poste de police, elle a cassé le nez d'une policière chargée de faire une fouille superficielle, et porté des coups à une autre policière. Relâchée peu de temps après (la détention par la police administrative ne pouvant durer plus de 12 heures), la femme en question lance un mouvement d'émeute qui prend dans le quartier de Molenbeek : deux jours d'émeute, émotion politique, tout le tintouin. Le mouvement est encouragé par le mouvement extrémiste Sharia4Belgium. 

    Pourquoi j'en parle ? Parce que je veux promouvoir une idée pour un "camp" ? Non. Trois fois non. 

    Ayant des sources à la fois journalistiques et non journalistiques, plusieurs choses me frappent à l'esprit face à cette problématique. Nous sommes dans une situation ou l'information est un explosif dangereux. Faisant face à un extrémisme montant dans les faits et à une multitude d'amalgames inquiétants de tous côtés, l'information, quelle qu'elle soit, sera forcément discréditée, manipulée, exagérée. Un manque d'esprit critique caractérise les débats en réaction aux événements récents, peu importe le niveau et l'origine des interlocuteurs. Des messages proclamant que l'Occident doit tomber, d'autres appelant à l'expulsion de tous. De quoi faire perdre le sentiment d'humanité. Ce manque d'esprit critique exacerbe ces extrémismes.

    Quand l'amalgame commence-t-il ? Dès le moment où nous pensons l'autre comme un tout homogène. Il y a autant de pensées que de penseurs, et dans des cas délicats, attribuer une pensée à un groupe de penseurs, important de plus, revient à dynamiter le raisonnement social que l'on veut faire suivre. 

    Pense l'autre comme un tout homogène celui qui imagine une communauté musulmane entièrement constituée d'intégristes religieux. Mais pense l'autre comme un tout homogène celui qui s'imagine une philosophie religieuse dépourvue d'extrémismes. Pense l'autre comme un tout homogène celui qui établit des "théories du complot" qui exagère les relations Justice-Politique-Médias, au service d'un Etat raciste. Pense l'autre comme un tout homogène celui qui estime que la Justice est efficace à 100%, que les médias sont objectifs et qu'il n'y a pas de couacs dans les administrations. 

    Celui qui pense l'autre comme un tout homogène franchit le premier pas vers le racisme ou vers l'extrémisme. Et ces deux derniers sont les crocs d'un vampire sur les flancs de la société. Il y a des extrêmes dans la population. Ce sont eux qu'il faut combattre, pas la population.

    Le monde est complexe, mais les outils pour l'appréhender sont tellement simples, pour peu que l'on ouvre son esprit. Eviter l'amalgame. Eviter de penser en camps. S'informer. Ne pas se baser uniquement sur des impressions.

    L'extrême ne doit pas faire oublier le milieu.


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  • Ici, un texte décousu où je me décharge d'une réflexion qui me trotte en tête. Et de par sa nature, je me dois de proposer ce texte à votre propre réflexion.

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  • Ces temps-ci, avec le printemps arabe, beaucoup craignent l'arrivée de fondamentalistes et la montée d'un Islam plus radical en Belgique.

    Je n'en parlerai pas ici, car je ne pourrai plus honnêtement le faire sans être plus documenté.

    Ce dont je veux parler est un paradoxe de notre culture. Nous craignons des fondamentalistes. Certes. D'aucuns la montée d'une culture sur une autre. Indéniable. Mais notre culture n'est-elle pas malade de ce que nous lui avons fait subir ? Les mesures sociales récentes ne sont-elles pas des coups de hache dans la nuque du savoir ? Nous avons tellement baigné dans l'idée de la réussite pour tous que nous désespérons de voir que non, tout le monde ne peut pas réussir ! Ce n'est pas la réussite que nous devons brader, mais l'accès à une réussite possible qu'il nous faut brader ! Une femme demandait quelle était l'utilité du latin et du grec dans une émission sur la Une (chaîne de télévision de la Radio Télévision Belge Francophone), en tenant compte du fait que "connaître l'étymologie des mots ne servait plus à rien, puisqu'avec les réformes, l'orthographe changeait". Je n'ai pas bondi, je ne suis pas violent, mais je vous jure que j'avais envie de sauter d'un coup aux studios de la RTBF et de l'abattre à coups de micro.

    Apprendre le latin et le grec pour bien savoir écrire ? Sérieusement ? Il faut que tu apprennes deux langues différentes pour maîtriser la tienne ?

    Les réformes de l'orthographe rendent l'étymologie inutile ? Vraiment ? Tu ne penses pas que l'étymologie t'informe aussi un peu sur le sens des mots ?

    Si on suit ta logique, est-ce qu'on aurait pas dû guillotiner ceux qui ont violé la langue française en la modifiant et en la rendant accessible à tes bovins de gosses ?

    Si le latin ne te fait pas payer tes factures, puisqu'il faut tout penser en termes d'utilité, à quoi te servent les cours de maths, de physique, de chimie, de gym, puisque le sens de la vie doit consister pour toi à poser ton cul sur une chaise et débiter des conneries ?

    C'est le drame de notre société. Là où un socialisme plein d'espoir dans l'avenir avait prôné l'excellence pour tous, dans un monde sans barrière, le socialisme moderne se contente de stocker tout le monde dans un hangar à cons. Les gens deviennent idiots, gavés d'informations dont ils se laissent pénétrer, qu'ils ingèrent mais ne digèrent pas. Et ça vaut pour tout le monde, même moi ! Nous aurions été dans un monde mille fois meilleur si nous avions sans cesse augmenté le niveau d'éducation de nos pays en permettant à ceux qui échouent dans le général de s'en sortir, plutôt que de rabaisser le seuil de réussite à la correcte expulsion d'une flatulence.

    Je pleure sur l'incompétence de nos Communautés (note ; en Belgique, autorités "compétentes" en matière d'éducation), sur le consensualisme fait à tout venant pour remplir des quotas de feux verts pour la vie active.

    L'éducation est un investissement ! La culture est une richesse ! Pas étonnant que dès qu'une culture un peu forte apparaisse, la réaction soit épidermique !

    L'islamisme radical est quelque chose dont il faut se défendre, mais pas l'Islam ! Nous avons peur des fondamentaliste parce que nos fondements ont disparu ! Parce que l'excellence est dénigrée par des bouseux qui ont peur de l'élitisme, parce qu'ils savent que leur diplôme à eux n'est qu'une surprise fournie avec la Magic Box.

    Je m'emporte, mais qu'on dénigre notre propre culture en craignant les autres est le pire et le plus symptomatique des agissements de notre société.

    Je me suis emporté, j'ai été plus grossier que d'habitude, mais ça fait du bien.


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  • C'est incroyable comme dans un débat tout doit être polarisé. Mais vraiment incroyable.  Je parlais de mon désaccord avec la politique israëlienne avec un "pro" (dans le sens de pro and con), quand soudain l'argument le plus sujet à polémique sort de ma bouche ; "Oui, on a donné aux juifs un État suite à ce qu'il s'est passé durant la deuxième guerre mondiale, mais ça ne justifie pas les actes d'Israël aujourd'hui."

    Inutile de préciser que la riposte a été empreinte de hargne. D'un coup l'interlocuteur que j'étais est devenu un dangereux antisémite négationniste, et tout ce qui s'en suit. Plus qu'une fin de débat, j'avais l'assurance de ne plus jamais parler à cette personne. 

    Bon. 

    Pour mettre les choses au clair, je partirai de la formule de Bedos : "Qu'il soit noir, juif ou arabe, un type bien sera toujours un type bien, et - j'insiste - un enfoiré sera toujours un enfoiré".

    Voilà. Il ne faut pas se leurrer en visualisant le monde comme des camps de gentils et de méchants. On peut être inexcusable sans être intrinsèquement mauvais. Toi qui me lis, tu dois te dire que tu n'es pas comme les autres moutons et que tu as ton opinion personnelle. À toi je dis que tu n'est pas le flocon de neige unique et magnifique (référence à un bon film : fait). Tout le monde se pense différent des autres et tout le monde a un opinion et se pense libre. Se penser plus libre que les autres c'est mal placer son ego. Ayant dit cela, je peux passer à mon deuxième point ; les gens se moquent de ce que tu peux penser différemment. Pour eux tu es la part d'un groupe social auquel d'autres groupes sociaux attribuent des manières de faire et de penser. C'est normal, cela s'appelle un préjugé. 

    Quand j'attaque la politique d'un pays, je ne m'attaque pas à son histoire, bien qu'au fond de moi la création d'Israël s'est faite trop vite et dans l'aveuglement. Certains prêtent aux juifs les idéaux politiques d'Israël et d'autres prêtent aux musulmans les thèses islamistes radicales. C'est absurde ! Je connais des juifs qui refusent d'adhérer au sionisme, d'autres qui nient que des violences sont perpétrées sur les Palestiniens (car oui, si nier l'existence des chambres à gaz et autres est punissable par la loi, nier que des enfants se font tuer et des populations étrangères déplacer n'attire apparemment aucun problème), il faut arrêter de polariser le monde ! Qui est tout à fait, voire à peine d'accord avec la politique de son pays ?

    Aujourd'hui, on doit arrêter de globaliser. Qu'il y ait des islamistes extrémistes ne rend pas la religion musulmane intrinsèquement mauvaise, que des banques ruinent les gens ne rend pas l'économie intrinsèquement mauvaise, qu'il y ait une politique et une doctrine américaine scandaleuses ne rend pas tout américain intrinsèquement mauvais. 

    Toute personne est une savant alchimie de forces concurrentes, contraires et contradictoires. Alors ayons la décence d'élever le débat.


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  • Me lever chaque jour pour voir le monde décliner, c'est ce que je fais  tous les jours.

    Me lever pour critiquer une société que je n'aime pas, c'est ce que je fais tous les jours. 

    On ne peut empêcher le monde de changer. C'est même plutôt positif, qu'il change, finalement. Mais peut-on qualifier ce monde de décadent ? Le monde est un clinamen d'éléments qui chutent et qui s'entrechoquent, qui se lient, qui se mélangent, qui se séparent. Que ce soit en politique, dans la vie sentimentale et amoureuse, dans l'économie, on est face à un monde qui connaît des chutes et des mouvements qui s'accélèrent ou ralentissent. Un monde dynamique, un ensemble de forces qui se confrontent ou s'appuient. Un écosystème politique. Une faune amoureuse et une flore sociale, entre autres, qui se déchirent, se soutiennent, s'ignorent. 

    Que sommes-nous au milieu ? Nous sommes les acteurs de notre propre vie. Facile à dire, certes, mais au niveau des implications que cela engendre, il y a matière à parler.

    Je suis l'acteur de ma propre vie. Cela est agréable au premier coup d'œil, mais finalement, des propres vies, il y en a des milliards, des millions de milliards si on attache de l'importance à la vie du panda, de l'hyène, de la tique, du chaton. D'un coup, je sens ma vie devenir comparable à un microbe dans une forêt. 

    Mais que vienne un mouvement fort, et je voudrai sans doute en faire partie. Une nouvelle cause politique, un amour incertain, un espoir soudain. Mais calmons-nous. Vaut-il la peine de se mettre au mouvement ? C'est la question de l'absurde de Camus. La question précédant les jeux de l'ontologie, de la philosophie est selon lui celle du suicide. Question très vive, puisque beaucoup y pensent, certains y répondent. Je suis l'acteur de ma propre vie. Mais la pièce qui se joue, pour reprendre la métaphore un peu éculée de la vie et du théâtre, vaut-elle la peine que j'y prenne part ? Dois-je suivre l'immense relai d'acteurs qui se produisent sur une scène, chacun décidant des didascalies et des répliques que la situation dans laquelle ils jouent leur permet d'exécuter ? Ma réponse est oui, évidemment qu'il faut jouer. Parce qu'une fois que l'on a quitté la scène, il est impossible d'y revenir. Je ne parle pas d'un tomber de rideau, puisque le monde reste le théâtre confus du concours de forces divergentes et convergentes. On n'y a donc qu'un temps limité et unique. Alors jouons, d'autant plus que ce qui suit la pièce n'est pas forcément folichon. 

    Une fois ce premier obstacle passé, il faudrait voir quel acteur je serai, quelle est l'existence que je veux mener. Quel est mon but ? Le plaisir de la routine, l'orgiaque complaisance d'une débauche d'appétits, l'exaltation, la satisfaction de voir ce que j'entreprends croître, le bonheur de voir souffrir les autres ou d'apporter de la paix dans le monde ? Tous ces buts se valent, si je le prends de mon point de vue, car le point final apporté par la Camarde sera toujours aussi implacable. Je peux me placer sous n'importe quel étendard, je mourrai à la première balle perdue. Est-ce que cela vaut alors le coup de s'investir dans l'élaboration d'un monde meilleur pour les futures générations ? Peu l'ont fait dans les précédentes, parmi ceux-là beaucoup poursuivaient un but de lucre ou autre. De plus, le fais-je pour des personnes qui en valent la peine ? On pense le monde décadent, pire que demain et pas mieux qu'hier, alors pourquoi se soucierait-on d'une génération moins valable ? C'est la première étape de ma pensée. Mais face à cela, il ne faut pas oublier que l'on est acteur avant tout, c'est un jeu. Et un jeu, il faut le gagner. Supposons qu'il n'y ait pas de règles prédéfinies, on ne peut se fier qu'à sa morale et l'aiguiser pour se satisfaire de ce qu'on accomplit. Donc, ne pas se jeter dans les limbes et essayer de rendre le monde meilleur, c'est dit.

    Maintenant, j'ai deux principes de base, mais les possibilités sont encore tellement riches... 

    Qu'est-ce que je fais ?


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