• Marie Poffler à l'Université - Chapitre 1

    Petit délire avec Nyx que j'ai voulu mettre en page et développer, une parodie de Harry Potter à la sauce de l'ULB :)

     

    Il se trouvait peu de gens qui puissent, dans les alentours du collège Saint-Michel, relater les faits qui rendaient Marie Poffler si singulière. La plupart n'avaient même aucune idée de qui cela pouvait être. Pourtant, c'était bien pour elle que Dumblibrex, un homme fort singulier lui aussi, se retrouvait avenue des Bollandistes à énumérer les maisons. C'était une avenue banale pour un quartier du sud de Bruxelles, avec des maisons relativement bien entretenues. Les façades étaient nettes et s'offraient à la vue dans une diversité morose de couleurs entrecoupées de veines de lierre, rares et miteuses par le peu d'entretien.

    Dumblibrex foulait le trottoir pavés de pierres grossières et mornes, mais la finesse de ses semelles le força bientôt à marcher sur le macadam plus lisse et plus confortable. Il se faufila donc entre deux voitures assez luxueuses pour rejoindre le segment habituellement dévolu aux véhicules. Vous pourriez me demander en quoi Dumblibrex était un homme si particulier, et je vous répondrais par la présente ; Dumblibrex portait un costume à la fibre fine, fût-ce par élégance du tailleur ou par l'outrage du temps, une barbe longue et soignée que l'on ne retrouvait plus que chez les gauchistes les plus fermes depuis que l'on avait supprimé l'émission Le Club Dorothée. Au niveau des oreilles, les cheveux s'y confondaient avec la barbe, de telle maniète qu'on eût dit que son visage était enfermé dans un carcan de poils fins. Il avait également une cravate extravagante mais cachée par la barbe, et on ne pourrait dire s'il mettait ces cravates par lâcheté ou par étourderie. Cette cravate, que l'on pouvait apercevoir par vent fort quand les airs faisaient voler la barbe, était ornée de symboles étranges tels qu'un compas ou une torche, et on pouvait y distinguer d'obscures formules :" Scientia vincere tenebras".

    Dumblibrex arriva devant une maison et sembla avoir trouvé celle qu'il cherchait. La façade grise ne laissait pas filtrer de lumière à travers les fenêtres, pour la raison que personne n'était éveillé et que les lumières étaient éteintes, à l'exception d'une lueur ténue passant par un soupirail, mais dont le fonctionnement semblait plus tenir de l'accident ou de l'oubli que de l'utilité. Dumblibrex sortit un étrange appareil de sa poche, une poignée de bois ouvragé prolongée d'une fourche dont les pointes se trouvaient reliées par une sorte d'élastique. Il ramassa un caillou qui traînait sur le sol, et s'appliqua à viser une des torches électriques au sommet d'un lampadaire. Il répéta l'opération de telle manière qu'on ne vit bientôt plus rien à moins d'être doué de nyctalopie. Dumblibrex se tourna vers la rue et vit un chat. Tigré, ce chat se tenait de la manière la plus raide qu'on puisse imaginer pour un chat, comme s'il n'avait pas été habitué à rester des heures assis à la manière des chats, car Dumblibrex se doutait que ce félin avait dû occuper la place qu'il tenait en ce moment depuis un temps respectable. Le regard du chat se portait sur Dumblibrex et semblait le scruter, comme s'il attendait quelque chose de lui. Ses yeux étaient verts, les pupilles dilatées par l'obscurité de la nuit, et le poil y dessinait autour des sortes de lunettes.  Dumblibrex esquissa un sourire.
    "J'aurais dû me douter que vous seriez là, professeur McGottendaele."
    Le chat fit un bond quand derrière lui surgit une femme en tailleur froissé, grande et fine, à l'air strict et en cet instant fort contrarié, de cet air qu'ont les maîtresses d'école quand un garnement cache les craies nécessaires au cours et se fait surprendre.
    "Comment avez-vous su que j'étais là ?
    - Ma chère, il n'est rien de plus voyant dans une rue froide et déserte qu'un filet de brume s'échappant de la gorge d'un indiscret personnage, surtout quand celui-ci se cache derrière des poubelles."

    McGottendaele se tut, prenant la dénomination d'indiscret pour ce qu'elle était ; une simple boutade. Cependant, un éclair d'inquiétude passa devant ses yeux.
    "Et l'enfant ?
    - Rachid doit l'amener.
    - Rachid ? Vous êtes sûr que ...?
    - Je confierais ma propre vie à Rachid, professeur.
    - Je ne dis pas qu'il manque de cœur, mais il a parfois tendance à...
    - Ne vous en faites pas. Et je vous rappelle que vous avez déjà eu la LICRA et le MRAX sur le dos, alors je vous prierais de garder vos réflexions racistes pour vous.
    - Loin de moi l'idée de dénigrer Rachid, s'empressa de répondre McGottendaele. Mais néanmoins vous savez ce que j'en pense, et cela me va. Mais..."
    Elle n'avait pas eu le temps de terminer sa phrase qu'un bruit strident envahit la rue. Sur un scooter, un homme de taille impressionnante de par son caractère très commun, au teint foncé et tenant un paquet sous le bras déboula dans la rue. Il portait un casque de cuir, de ceux qui ne valent guère plus protection qu'un chapeau en origami, une veste de cuir également, et un pantalon jean qui lui serrait la peau, sur des chaussures de sport.
    "Ah, Rachid. Ou avez-vous trouvé cette pétrolette ? dit Dumblibrex.
    - Cette quoi ?
    - Cette pétrolette. Ce scooter.
    - C'est le jeune Julius Almostblackbutwithatouchofgrey qui me l'a confiée. Il était en larmes et m'a dit que j'en aurais plus l'utilité que lui.
    - Mais, Rachid, dit McGottendaele, c'est donc vrai ? Les Poffler...
    - Oui, professeur, répondit Rachid, les larmes aux yeux. Et de ce qu'on m'a dit, Je-Sais-Plus-Qui aurait été brisé par sa propre tentative de conversion. Il faudrait pourtant une force athée hors du commun pour cela, même vous, professeur Dumblibrex, qui étiez le seul à faire trembler Je-Sais-Plus-Qui..."

    Dumblibrex se tourna vers Rachid et lui prit le paquet des mains, doucement. Il s'agissait d'un bébé, une petite fille qui était déjà connue dans le monde des libre-exaministes, qui ne connaitrait l'étendue de sa renommée que dans bien des années.

    Au loin, on fêtait la disparition de Celui-Dont-On-Oublie-Toujours-Le-Nom, que seuls d'exceptionnels libres-penseurs se risquaient à appeler Dogmemort, et on buvait à la santé de Marie Poffler, ce bébé que Dumblibrex livrait aux soins d'une famille très religieuse, la seule qui lui restât, ce bébé que l'on appelait déjà la Libre-Pensante.

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