• Adieu, Muse virginale !
    Le virginal est d'un ennui
    Quand vient l'orée de la nuit
    C'est une tache banale
    Peuplant les noirceurs suaves

    Adieu Muse au corps de pierre !
    Car je me préfère amant
    D'extase et de tremblement
    Dans l'obscurité sincère
    Les yeux clos et la voix grave
     
    Muse par trop immobile !
    Que me valait ton dédain ?
    Nos souffles étaient lointains
    Et notre union fragile
    Il est bien mort ton esclave
     
    Adieu ton titre ronflant !
    Il ne reste que mon corps
    Et le plus doux des accords
    L'autre flanc contre mon flanc
    Brûlant les noirceurs suaves.

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  • La plaine brûle d'un air serein
    Renaissance en tout temps oubliée
    Fais-moi tomber dans tes bras pliés
    Sens ; je ne pèse presque plus rien

    Je te tiens, fil de soie, découpé
    C'est un jeu de plumes étiolées
    Souvenir, porcelaine violée
    Eclair sur la maison de poupées

    Quel tumulte au-dehors, le tonnerre
    Craque de travers, le monde croît
    Il prend la forme d'une croix
    Deux bras brisés quand je te serre

    Quel sombre masque, et que de soupirs
    Que les ténèbres sont éclatantes
    Glauques et fantastiques amantes
    Aux plumes fatiguées de t'écrire.


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  • Tu devrais t'effacer aux ténèbres montantes
    On devrait se coucher et parler dans l'attente
    Et puis si d'aventure on entendait du bruit
    Dis-toi qu'on a raison d'avoir peur de la nuit
    Dis-toi que rode un monstre au coeur de ces usines
    Qu'il s'adonne au tapage en cognant les machines
    Le bruit de quelques billes lâchées dans des citernes
    Et quand le jour poindra on rira de nos cernes
    La chaleur de l'été ne quitte pas vraiment
    La moiteur de la nuit, le bleu du firmament
    Nous y avons joué au calme des prairies
    Pendant des jours entiers que la mort nous ravit
    On avait fait un feu dans un cercle de pierres
    Traversé la fumée de quelques conifères
    Je devrais t'avouer que tu n'existes plus
    Ton rire a les échos des arbres disparus
    Dans une forêt morte.

    Tu devrais t'effacer aux ténèbres montantes
    On devrait se coucher et parler dans l'attente
    Et puis si d'aventure on entendait du bruit
    Dis-toi qu'on a raison d'avoir peur de la nuit

    A Armand.


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  • Ce n'est rien.
    Ce n'est qu'un froissement du corps et puis de l'âme
    Ce n'est qu'un aller simple au pays de l'infâme
    Ce n'est rien.

    Ce n'est rien.
    Ce n'est qu'un regard froid du monde environnant
    Ce n'est que le mépris pour la proie du dément
    Ce n'est rien.

    Ce n'est rien.
    Ce n'est que la fatigue acculée par la peur
    Ce n'est que l'avenir détruit par un voleur
    Ce n'est rien.

    Ce n'est rien.
    Ce n'est qu'un souvenir qu'une douleur aux côtes
    Ce n'est qu'un paradoxe entre victime et faute
    Ce n'est rien.

    Ce n'est rien qu'un exil du monde du correct
    Ce n'est rien que le vide éternel et abject
    Ce n'est rien qu'une scène à jamais répétée
    Cernée d'indifférence et par l'humanité

    Ce n'est rien qu'un ballet aux danseuses froissées
    Ce n'est rien que l'effroi à jamais d'embrasser
    Ce n'est rien qu'un public sans compassion pour toi
    Dont l'obscène regard mange ton désarroi.


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  • Entremêlées
    Brume et rosée
    Pleurs et suées
    Acidulées

    L'air continue
    Son chant ténu
    Le sommeil nu
    Enfle charnu

    Le corps battu
    Cassé fétu
    Le verras-tu
    Membres obtus

    Dans le brouillard
    J'allais hagard
    Et mon poignard
    Etait un dard

    La nuit voilée
    Le temps brisé
    La pluie tuée
    Acidulée

    Et au village
    Plein de plumages
    C'est un présage
    Pour les vieux sages

    Et dans les villes
    Des vieux fébriles
    Que veulent-ils
    Sombres séniles

    Et dans nos vies
    C'est l'amnésie
    Chaque instant brille
    Par son oubli

    La nuit voilée
    Le temps brisé
    La pluie tuée
    Acidulée.


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  • Ils parlent d'ombres
    Puisque les ombres sont partout
    Elles encombrent
    Le moindre mur le moindre trou

    Il marchent loin
    Pour conquérir les invisibles
    Cherchant un point
    La jonction une et invincible

    Ils font le tri
    De ce qu'ils croient, de leur savoir
    Géométrie
    Et ils retournent dans le noir.


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  • Il devint sous le poids du flash un créateur
    Un petit monde qui germait sous ses cheveux
    Un voile inquiet passait hagard devant ses yeux
    Il devait être fou ce grand démon rêveur

    A coups de règlements il façonnait la terre
    Et la terre à son tour lui imposait sa loi
    Il avait des idées de flèches et de croix
    Un labyrinthe errant en quête de lumière

    Il avait rendez-vous avec d'autres penseurs
    Ils referaient le monde avec leurs conventions
    L'hémicycle assemblé autour d'un vieux tison
    Le temps que le stylo arrive jusqu'au coeur.


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