Serrée contre moi
C'est la pluie qui se répand
En cendres mouillées

Tracées sur ma peau
Tracées au couteau
Initiales de deux arbres.

Les horizons d'or
Laissent leur lumière
Couler dans une mer sombre.

La nuit s'est donnée
Au plus fol amant
Qui lui offre de l'hermine

A la blancheur des corps
A la joie des ivrognes
Aux soldats qui besognent
Les filles comme des morts

Au couteau qui sanglant
Suit le tracé de la main
Amoureux, incertain
Assassin et sanglant

J'adresse une prière
Que le sang vous dégoûte
Et puis qu'à chaque goutte
Vous crève la misère

A la chaleur des morts
Et au canon qui grogne
Aux parents qui s'éloignent
Aux gosses, ce décor

Au revolver qui sent
Le sang et l'inhumain
A la crosse que tient
Le bras sûr d'un enfant

J'adresse la misère
Et l'infection du doute
Qui vous prendra en route
En route vers l'enfer

Aux illusions du bien
Et la la paix du monde
Ces valeurs-là qui grondent
Au fond du cœur de rien

J'adresse mon regret
Eternel et sincère
Tout comme mes prières
Au moins c'est un regret

Qui ne rime à rien d'autre.

Ultime baiser
Du vent sur la mer
Adieu, adieu, mon cher ange.

Je voudrais voir le temps mourir
Sur la beauté du ciel au soir
Sur une rime un peu bizarre
Sur la courbe de ton sourire

Je voudrais voir la joie renaître
Dans les yeux d'une fille qui pleure
Dans la noirceur de quelques fleurs
Qui tombent fragiles d'un hêtre

Je voudrais voir le temps tomber
Comme la nuit, comme l'amour
Comme ta voix, ton grave et lourd
Voudrais-tu m'y voir succomber?