• ACTA : un combat à mener.

    Peuple de la Terre, bonjour.

    Ces derniers temps n'ont pas été les plus rassurants, n'est-ce pas ? En-dehors des violations des droits de l'homme qui arrivent dans des pays trop exotiques pour que la plupart d'entre nous s'en émeuvent, ou parfois dans des quartiers qui nous obligent à prendre le bus pour les atteindre, nous pensions le monde juste. Non, ce n'est pas vrai. Nous savons qu'il est injuste. Mais cette injustice, bien souvent, se déplace vers une tache aveugle qui soulage notre conscience et empêche l'éveil. Nous avons chacun nos soucis, et je ne blâme personne. Ou plutôt, je blâme tout le monde, moi y compris, à charge de renverser cette présomption. Mais la vie humaine ne trouve pas sa place dans un monde plat et sans relief ; les hauts et les bas de ce monde sont tellement nombreux et discordants que l'on ne peut guère en voir l'horizon. Ne pas prendre de recul par rapport à la vie pour savoir quoi faire, voilà ce qui supprime notre humanité.

    Je vais parler d'ACTA. Beaucoup d'entre vous en parlent, soit par des sites de pétitions, soit par des sites de partage d'images, soit par d'autres canaux. Mais peu ont une idée précise de ce que c'est. Moi-même, je ne le sais pas vraiment.

    Que dit Wikipédia à ce sujet ? 

    "L'Accord commercial anti-contrefaçon (ACAC ; en anglais Anti-Counterfeiting Trade Agreement : ACTA) est un traité international multilatéral concernant les droits de propriété intellectuelle.

    Le champ d'action de l'ACTA s'étend ainsi aux marchandises, notamment aux produits contrefaits, aux médicaments génériques ainsi qu'aux infractions au droit d'auteur sur Internet1. Le titre du traité suggère en effet que l'accord ne couvrirait que la violation de brevets, mais le texte en lui-même aborde aussi les infractions au droit d'auteur dans le contexte d'« Internet et des technologies de communication ».

    Il vise à établir un nouveau cadre juridique que des pays peuvent rejoindre volontairement et à créer son propre organisme de gouvernance en dehors des institutions internationales déjà existantes (comme l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle ou les Nations Unies).

    Le jour même de sa signature par l'UE, le 26 janvier 2012, Kader Arif, son rapporteur au Parlement européen démissionnait, dénonçant l'ensemble du processus ayant abouti à la ratification de cet accord, qu'il qualifie de mascarade. Il fait part des menaces que ce texte fait peser sur la société civile, de l'absence de prise en comptes des revendications du Parlement européen, et de manœuvres pour que le traité soit adopté avant que l'opinion publique ne soit alertée.

    L'absence de transparence des négociations avait déjà suscité de vives critiques, les dispositions du nouvel accord s'annonçant bien plus complètes et restrictives que celles déjà prévues par l'ADPIC (accords de l'OMC sur la propriété intellectuelle), négociés à la fin du cycle d'Uruguay du GATT en 1994.

    Des documents avaient fuité dès mai 2008 par l'intermédiaire de Wikileaks, provoquant ainsi une importante mobilisation de la société civile contre cet accord et exigeant une procédure démocratique de négociations. Il a ainsi fallu attendre le 20 avril 2010 pour qu'une version officielle soit publiée, une nouvelle version ayant été rendue publique le 6 octobre. Entamées dès 2007, les négociations avaient pourtant officiellement commencé en juin 2008, soit près de deux ans avant qu'un texte officiel ne soit rendu public. L'absence de transparence a même pu conduire l'eurodéputée Marielle Gallo à renvoyer à la présente page de Wikipédia dans son projet de rapport au Parlement de 2010 concernant le renforcement de l'application des droits de propriété intellectuelle."

    Choquant, n'est-ce pas ? 

    Il y a donc un accord que des politiques du monde entier, aveuglés par le pouvoir et baillonnés par les lobbies, se sont plu à conclure en secret, le plus vite possible, pour nous poser devant le fait accompli. Quelque chose ne tourne pas rond.

    Il y a donc un accord qui va rendre les fournisseurs d'accès à Internet responsables des agissements de leurs clients, poussant ainsi à la création de polices qui ne seront pas gérées, ou très peu, par des organes démocratiquement élus. Nous serons surveillés et privés de liberté. Quelque chose ne tourne pas rond.

    Il y a donc un accord qui va renforcer les droits d'auteur et mettre fin à des industries telles que celle des médicaments génériques. Ceux qui signent cet accord signent une condamnation à mort de nombreux hommes, femmes et enfants qui ne peuvent se permettre d'acheter les produits des supertrusts de la pharmacie. Il y a là préférence du profit à la vie humaine. Quelque chose ne tourne pas rond.

    Il y a donc des activités qui seront soumises à brevets, y compris la plus ancienne, la plus fragile et la plus sous-estimée de toutes : l'agriculture. Les graines génétiquement modifiées feront l'objet de brevets. Attention, ce n'est pas nouveau (je vous invite à lire L'empire de la honte de Jean Ziegler), nous avons déjà vu des firmes comme Monsanto ruiner des paysans dont les champs avaient été "contaminés" par des graines brevetées, transportées par le vent. Et Monsanto gagna le procès, parce qu'il était riche et puissant, plus que la Justice. 

    Nous avons besoin pour penser clairement, de simplifier le monde. En droit, nous fonctionnons par fictions, pour accommoder la réalité aux situations que nous voulons régler. En économie, nous fonctionnons par assomptions pour permettre un calcul collant au mécanisme que nous voulons comprendre. En physique, nous apprenons la chute des corps dans le vide. Cette manière d'appréhender le savoir est bénéfique pour une introduction à une science, mais il faut petit à petit s'en débarrasser pour penser le monde tel qu'il est. 

    Le monde ne fonctionne pas selon les mécanismes établis officiellement. Il n'y a pas non plus une société secrète qui règle tout mouvement. C'est bien plus pernicieux. Nous sommes dans une société multipolaire avec des jeux de pouvoirs entre différents réseaux, entre différents niveaux, entre différentes dynamiques. Il faut se lever tôt pour la comprendre. 

    Mais vous savez quoi ? Vous êtes un membre de cette société, et vous avez le pouvoir de la changer. Parce que nous sommes très nombreux, il se trouvera des milliers de gens qui partageront votre avis sur un point donné. Mais parce que nous sommes très nombreux, la voix du peuple est lourde, lente, discordante et prompte à l'émotion. Là est le danger de la démocratie, le prix de l'idéal qu'elle représente.

    Mais vous savez quoi ? Si nous ne réagissons pas à ACTA, nous serons moralement responsables du contrôle préventif d'Internet, de la ruine de paysans et de mort d'hommes. Si nous ne réagissons pas à ACTA, le lobby aura mis à bas la démocratie et aura créé une grande faille. Et une faille en appelle une autre. Abyssus abyssum invocat.

    Les idées résistent aux balles. Mais pour cela, elles ont besoin d'un bouclier de chair.

    ACTA : un combat à mener.

    Lien pour la pétition Avaaz


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  • Commentaires

    1
    Vendredi 27 Janvier 2012 à 13:52

    Re-.

    Cette phrase m'a particulièrement plue: "Ou plutôt, je blâme tout le monde, moi y compris, à charge de renverser cette présomption."

    Je pense comme toi que c'est choquant et que quelque chose ne tourne pas rond; ou plutôt tourne trop rond pour le pouvoir. La facilité avec laquelle ils bernent les peuples de leur discours doucereux témoigne de ce fait.

    Il est temps d'avoir un avis.

    Pas de ceux qu'on peux cocher sur une feuille; mais bien de ceux qui nous sont propres et intéressés.

    Pourquoi se restreindre à une liste rédigée par d'autres où rien ne contente notre besoin d'expression et d'opinion per-so-nelle?

    Il est temps; grand temps; d'entraver leurs machinations cherchant à nous emputer de notre esprit critique et de nos vrais droits; qui ne se résument pas à ceux énumérer dans leurs codes manipulables.

    Je ne prône pas l'Anarchie; je prône la liberté d'opinion, d'expression, d'apprentissage.

    Dans ce système civique, tel qu'il est aujourd'hui fait et appliqué, ce n'est nullement les auteurs qu'ils protègent mais eux même; cherchant à mettre des oeuillères à ceux qui ont le pouvoir de changer les choses; restreignant la culture, l'éducation et donc les outils de références libres.

    Cela est injuste.

    Il faut s'y opposer.

    Il faut faire plus que manifester.

    Il faut exister.

    Et prendre la place qui nous revient de droit.

    Que chacun réintègre sa place; que chacun aie une place...

    2
    Vendredi 27 Janvier 2012 à 14:04

    Je ne pourrais pas être plus d'accord :)

    3
    Vendredi 27 Janvier 2012 à 15:16

    Je suis ravie de te savoir également factieux.

    Pour ma part, je suis lasse de leurs hypocrisie suintante.

    Au plaisir d'ergoter encore, je me carapate repirer l'air des connifères deux maigrelets petits jours...

    Bon week-end à toi.

    4
    Vendredi 27 Janvier 2012 à 15:29

    Bon week-end !



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