• Walk with arts

    Lucile, tu es la seule à avoir accès à cette page (on ne peut y accéder que si on en a l'adresse). Dis-moi ce que tu penses du texte, s'il faut le modifier. Je me suis un peu laissé aller pour l'écrire, donc si tu sens qu'il faut changer quelque chose, je suis ouvert à toute proposition. 
    (Il est 2h30 du matin et je suis dans l'attente d'une illumination, c'est terrible, comme si une part de moi-même luttait pour conserver son cynisme et comme si l'autre voulait admettre une dimension spirituelle à la vie. Quelle sottise. La seule dimension autre que physique à la vie est artistique. Il n'y a rien d'autre. Cette réalité n'est pas triste, mais c'est comme se manger le froid hivernal en sortant de chez soi : c'est vivifiant et pas forcément agréable. 

    Walk with arts.

    Ils se pendent aux feuilles des arbres, ils se détachent tout dorés des lampadaires, du bout des doigts de ces hommes et de ces femmes qui protègent leurs cigarettes du vent pour en tirer des guirlandes de fumée. Les arts se retrouvent partout. Le premier, le cinquième, le huitième, le septième, le second... Ils sous-tendent un univers en plus. Un univers de possibles, qui se déversent dans le monde par nos sens. Ils jouent la mélodie des choses, ils créent un fond d'or par lequel les îles solitaires communiquent.

    Regarde l'ordre. L'ordre n'est rien. Le néant est le seul ordre. L'art combat le vide. L'art combat l'ordre. L'art crée l'illusion de l'harmonie. L'art détache l'harmonie de la réalité. L'art fait de l'harmonie une nouvelle réalité. L'illusion est une nouvelle réalité. Harmonieuse. Inexprimable. Intangible. Parfois insoupçonnée. Un nouvel ordre. Regarde l'ordre. L'ordre est tout.

    Je marche le long d'une avenue aux arbres mutilés, des clochards sur les bancs, des feuilles jonchent le sol. Le fond d'or se joint à ceci, et l'art s'insinue dans les sens. La souffrance devient belle et terrible et inévitable. L'insupportable s'impose. Le sens prend l'ampleur. Le goût des larmes vient.

    L'art se fait le protecteur de la laideur. L'art se fait le protecteur de la douleur. L'art se fait le lien de la douleur au douloureux. L'art imbrique l'esprit au monde. L'art est un chemin parallèle de solitude et de partage.

    Une fois que l'acceptation d'un autre monde, du chemin parallèle, la destruction de ce monde devient le plus bel art du monde, car il opère la fusion de la beauté de l'art et de la cruauté du monde, la confusion de l'art et du monde.

    Je marche sur un flot d'or, bordé de pauvres mutilés, d'arbres effondrés sur des bancs. Le soleil fait briller quelques gouttes de rosée qui leur viennent aux yeux. Je grave sur mon cœur des initiales de pitié. Je me promets de retranscrire plus tard cette douleur. Je ne sais comment. Avec de la joie. Avec du cynisme. Avec le sentiment que je construis un monde. Que je retournerai au monde, différent.

    There's a path. Once you take that path, you walk with arts.