• Petite réflexion

    Ici, un texte décousu où je me décharge d'une réflexion qui me trotte en tête. Et de par sa nature, je me dois de proposer ce texte à votre propre réflexion.

    Je suis souvent perdu dans des débats sans fin, avec cette désagréable impression de ne pouvoir en sortir que lorsque l'un des interlocuteurs aura fait ployer l'autre sous le poids de sa verve et de son verbiage. Et dans ces moments, je regrette plusieurs choses. 

    En tant que Belge, je suis citoyen d'un pays qui a comme culture politique le compromis. En effet, dès la naissance de mon pays, libéraux et catholiques tentent de laisser leurs différends de côté afin de construire une Belgique paisible : de là la future devise de la Belgique ; L'Union fait la Force. Cette période de l'Histoire de la Belgique est d'ailleurs celle de l'unionisme. Cette philosophie tiendra tant bien que mal durant une quinzaine d'années. Cependant, on aura à coeur de revenir à cette logique à maintes reprises, notamment lorsque la société belge se divisera en piliers : les piliers libéraux et socialistes, catholiques et laïques, et enfin flamands et francophones. Si l'unionisme a pu apporter beaucoup à la Belgique, selon moi, c'est parce que le projet national se construisait, et que la logique interne des négociations était la même pour tout le monde. Chacun visait une part d'autonomie dans la Belgique nouvelle, et l'objectif commun était clair. 

    La politique de compromis d'aujourd'hui en Belgique entre flamands et francophones n'a rien à voir. Si les réformes structurelles des années 70, 80 et 90 ont énormément transformé ce pays, les négociations récentes et la crise politique qui nous a frappés pendant 500 jours (et qui pourrait revenir, les élections ne sont pas loin), nous aurons de nouveau de longues parlementations durant lesquelles des concessions seront lâchées du bout des lèvres, tandis que les radicaux tireront sur la corde pour obtenir des réformes délétères. Dans ce cas-ci, nous avons affaire à des interlocuteurs qui politiquement cachent mal leur jeu : nous savons très bien que le séparatisme flamand est un mouvement qui se fait dramatiquement fort, nous savons AUSSI que tous les flamands ne sont pas séparatistes. 

    Etonnant, non ?

    Mais si je me livre à ces considérations, ce n'est pas pour donner mon avis, mais plutôt pour illustrer ce qui va suivre. 

    Je veux parler ici d'un problème qui me taraude, surtout depuis les élections présidentielles françaises. En effet, combien de fois n'ai-je pas été confronté à la question : "Et toi, tu voterais plutôt Hollande ou Sarkozy ?". 

    Alors, premièrement, je voterais Sarkozy, parce que son nom doit faire un maximum de points au Scrabble : sept lettres, S1A1R1K10O1Z10Y10. 34 points en dehors du tableau de jeu. Plus les 50 points du Scrabble. Et si tu le places sur un mot compte triple... Arrête, je bande. 

    Alors, premièrement (oui, je répète "premièrement", tu pensais pas que j'étais sérieux ?), je ne voterais pas pour l'un ou pour l'autre. Je pense même que je me serais abstenu, faute de pouvoir faire un choix que je pense raisonnable. Oui, ne pas voter, c'est aussi s'exprimer. Le problème c'est que l'abstention peut refléter deux attitudes au moins :

    • Je suis un citoyen engagé qui refuse à la fois de devoir choisir entre deux mauvais candidats et qui ne vote pas blanc non plus, car peu importe la majorité qui se révélera, je ne serai pas d'accord avec elle.
    • Mon cul est trop lourd pour que je sorte de chez moi.

    Deuxièmement, je suis trop fier pour dire publiquement pour qui j'aurais voté. Pourquoi ? Parce que le choix d'un candidat ne devrait pas se faire selon l'homme ou la femme qui se présente, mais pour son programme. Et un programme, on ne peut raisonnablement y adhérer comme à un dogme. Le problème se pose alors ; tout le monde s'en fout des choix basés sur le programme, un nom suffit. On pourrait même simplement donner les initiales, et l'autre est content (soit de votre choix, soit de pouvoir vous appeler un facho ou un communiste).

    Et là, on touche au point dont je veux parler depuis tout à l'heure (parce que je suis pas quelqu'un de très direct. Mais laissons ma vie sentimentale en dehors de tout cela.) : les gens se foutent de l'argumentation, du cheminement intellectuel, ils laissent cela aux gens censés réfléchir, ou pire, à la télévision. Je trouve ces attroupements de gens scandant des noms intellectuellement rabaissant. C'est une mascarade pour tenter d'amener le niveau des élections à celui de grandes révolutions. Seulement, non. Cela ne fait que le ramener à celui d'une troupe bêlante de supporters de football.

    Quels sont donc les points que j'ai tenté d'illustrer : 

    • Le compromis ne se base pas sur des concessions lancées de loin, mais sur un projet de dialogue et de construction.
    • La puissance intellectuelle est avilie par le simple partisanisme, auquel il faut opposer non pas un combat du multipartisme politique, mais une invitation à une politique réfléchie et plus subtile : ce n'est pas parce que je ne suis pas pour quelque chose que je suis contre.
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