• Ce n'est rien.
    Ce n'est qu'un froissement du corps et puis de l'âme
    Ce n'est qu'un aller simple au pays de l'infâme
    Ce n'est rien.

    Ce n'est rien.
    Ce n'est qu'un regard froid du monde environnant
    Ce n'est que le mépris pour la proie du dément
    Ce n'est rien.

    Ce n'est rien.
    Ce n'est que la fatigue acculée par la peur
    Ce n'est que l'avenir détruit par un voleur
    Ce n'est rien.

    Ce n'est rien.
    Ce n'est qu'un souvenir qu'une douleur aux côtes
    Ce n'est qu'un paradoxe entre victime et faute
    Ce n'est rien.

    Ce n'est rien qu'un exil du monde du correct
    Ce n'est rien que le vide éternel et abject
    Ce n'est rien qu'une scène à jamais répétée
    Cernée d'indifférence et par l'humanité

    Ce n'est rien qu'un ballet aux danseuses froissées
    Ce n'est rien que l'effroi à jamais d'embrasser
    Ce n'est rien qu'un public sans compassion pour toi
    Dont l'obscène regard mange ton désarroi.


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  • Entremêlées
    Brume et rosée
    Pleurs et suées
    Acidulées

    L'air continue
    Son chant ténu
    Le sommeil nu
    Enfle charnu

    Le corps battu
    Cassé fétu
    Le verras-tu
    Membres obtus

    Dans le brouillard
    J'allais hagard
    Et mon poignard
    Etait un dard

    La nuit voilée
    Le temps brisé
    La pluie tuée
    Acidulée

    Et au village
    Plein de plumages
    C'est un présage
    Pour les vieux sages

    Et dans les villes
    Des vieux fébriles
    Que veulent-ils
    Sombres séniles

    Et dans nos vies
    C'est l'amnésie
    Chaque instant brille
    Par son oubli

    La nuit voilée
    Le temps brisé
    La pluie tuée
    Acidulée.


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  • Ils parlent d'ombres
    Puisque les ombres sont partout
    Elles encombrent
    Le moindre mur le moindre trou

    Il marchent loin
    Pour conquérir les invisibles
    Cherchant un point
    La jonction une et invincible

    Ils font le tri
    De ce qu'ils croient, de leur savoir
    Géométrie
    Et ils retournent dans le noir.


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  • Il devint sous le poids du flash un créateur
    Un petit monde qui germait sous ses cheveux
    Un voile inquiet passait hagard devant ses yeux
    Il devait être fou ce grand démon rêveur

    A coups de règlements il façonnait la terre
    Et la terre à son tour lui imposait sa loi
    Il avait des idées de flèches et de croix
    Un labyrinthe errant en quête de lumière

    Il avait rendez-vous avec d'autres penseurs
    Ils referaient le monde avec leurs conventions
    L'hémicycle assemblé autour d'un vieux tison
    Le temps que le stylo arrive jusqu'au coeur.


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  • Tout pâle, usé, le temps submergé
    La ville des gabelleurs, des paillardises et des teinturières
    Distrait nonchalamment ses carrefours blanchis 
    Sur de très malheureuses églises vaincues d'une dame immortelle

    Quand soudain son époux fit ce nom chétif
    J'égaye dans un corsage qui chante et qui rit
    Mon avocat redit et se regarde ! Ou donc es-tu, ma marmouzelle ?
    Dors ! Tout mon âge enceint te glisse en ceignant

    À ces nuits le gabelleur  se lève de mignotises
    Si tu es jusqu'au profit d'amour
    Je te crois, porte-t-elle,  à supposer ta vêprée !

    Et misérable, elle se tut, regardant l'inquiet présent
    Ses simples satins par un brocant intérieur
    Et sa triste coiffe par un esmouchail de teinturier.

    Un gros cadeau à celui ou celle qui retrouve les quatres textes à l'origine de cette chimère !


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  • C'est assez incroyable de tomber sur des textes comme ça. Je veux dire, personne ne leur dit jamais rien, ou...? 

     

    A mon frère en prison

    Certains se targuent d'être au rang des Parnassiens
    Je ne suis qu'un enfant dont la mère insouciante
    Ne sentit que d'un peu passer l'âme naissante
    Et de ma rage si elle peut, à ces chiens
    Je leur ferai tous voir où ils peuvent la mettre
    Ne nous contentons pas seulement de paraître


    Même si lors devant le juge on comparaît
    Reste fort en prison, attends de mes nouvelles
    Chacun son tour, vengeance et revanche et la belle
    Tous ces moments de joie, où es-tu, frère d'armes ?
    Quand nous nous reverrons, douces seront les larmes
    Garde ta rage en toi, toi-même tu le sais


    Après le grand orage arrive le beau temps
    Après cette oubliette arrive le bon temps
    Reste fort, pas un jour nous n'oublions !
    A ton nom les esprits s'échauffent et le sang
    Ne fait qu'un tour et c'est la tristesse qu'on sent


    Injuste jugement ! La toge magistrale
    Sera bien imbibée d'une essence infernale
    Pour avoir condamné une erreur de jeunesse
    D'une peine cruelle et d'une main traîtresse.
    Yoooo


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  • Je n'ai pas composé ce poème, mais je l'ai trouvé bien beau (on peut apprécier la poésie religieuse en étant athée), alors je le partage ici. Son auteur l'a oublié dans un recueil de poésie qu'il a vendu à un libraire de la rue Mouffetard, et j'ai moi-même acheté ce livre. Voici donc le poème oublié :

     

    Si la croix fut plantée au milieu du Calvaire
    Evêque tu le sais la Grâce t'y cloua
    Tu connais le chemin, l'aridité des pierres
    Le sang mêlé de pleurs sur qui elle flua

    Tu domines la terre et le ciel de la terre
    Par ta douleur muette au sein de l'éternel
    Mystérieux lieu plus fort qu'une prière
    Colonne de lumière et brillant arc-en-ciel

    Jusqu'à Dieu lui portant l'offre de nos misères
    Et gardant le pêché des âmes toi l'austère
    Toi, le sage et le pur, foulé dans quel pressoir ?

    Et lorsque nous marchons aux routes trop amères
    Le coeur pesant trop lourd de peines solitaires
    Nous regardons vers toi pour conserver l'espoir

    Inconnu, date inconnue, Paris.


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